Après vingt-deux ans de gestation, la première étape du futur quartier de Thônex
est bientôt prête.
«Dans ce projet, je suis le plus ancien. Il a démarré il y a vingt-deux ans.» Pascal
Uehlinger, le maire de Thônex, aime à rappeler son ancienneté. Pas par fierté, mais
pour souligner que les Communaux d’Ambilly sont un vieux dossier qui a usé de
nombreux élus. «Il a aussi enrichi pas mal d’avocats des deux côtés», glisse le Thônésien. Car la Commune et l’État se sont longtemps opposés sur ce futur quartier, la
première n’en voulant pas, ou pas comme le second le voulait. Aujourd’hui, «l’ambiance s’est apaisée». Et la Commune s’apprête à accueillir ses premiers habitants
en automne.
Pour fêter l’événement, trois jours de festivités sont organisés en septembre. Les
crédits sont déjà votés. Il n’y aura pas encore grand monde, l’arrivée des locataires
des 670 logements étant échelonnée jusqu’à la fin de l’hiver. «Mais ce sera l’occasion pour les Thônésiens de s’approprier ces lieux», poursuit l’élu, qui a organisé ce
jeudi une visite pour les élus de la région.
Le quartier est encore un mystère. Construit au milieu d’un énorme champ, il est
inaccessible car les routes qui y mènent sont fermées. On ne voit de lui que des immeubles qui semblent surgir de nulle part, emballés dans leurs échafaudages.
Pierre Bonnet, l’architecte qui en a dessiné l’image, dit s’être inspiré des lieux. «Le
site est une grande plaine glaciaire à la topographie franche. Le projet s’en fait
l’écho, les bâtiments sont tous rythmés par des bandes horizontales.»
Paysage
Surtout, l’architecte a voulu profiter au maximum des vues qu’offre le site. «Les immeubles ont la forme d’accolades qui s’ouvrent chaque fois sur des paysages multiples. Les logements auront tous des points de vue différents.» Pour les uns, le Salève, pour les autres, les Voirons ou encore les Aravis.
Le paysage est d’ailleurs un élément central du quartier. Il est traversé par un
grand mail d’un kilomètre de long. Et, dans son parfait prolongement, on aperçoit
la tour de la gare de Chêne-Bourg. «C’est un heureux hasard et un point de repère
intéressant», souligne Pierre Bonnet.
Sans voitures
Large d’une trentaine de mètres, ce mail est l’épine dorsale du quartier. Une centaine d’arbres y ont été plantés et il est avant tout piéton. Les voitures n’ont droit
qu’à une seule voie, histoire d’aller s’enterrer dans le parking. C’est tout. L’intérieur
du quartier est entièrement sans voitures et il n’offre aucun stationnement en
surface.
D’ailleurs, de son parking, il ne sera pas possible de monter directement dans son
appartement par l’ascenseur. Il faudra passer par les rez-de-chaussée et trimbaler
ses courses. Adieu donc les packs de bouteilles d’eau en PET, mieux vaut boire celle
du robinet. Mais on aura ainsi davantage de chances de croiser des voisins.
Cette volonté de favoriser les échanges entre habitants fait d’ailleurs partie de la
«génétique» du quartier, comme le rappelle Yannos Ioannides, chef du projet pour
le compte des promoteurs, Batima et C2I. «Un soin très particulier a été porté aux
espaces publics», insiste cet architecte. Les quatre bureaux qui construisent les immeubles ont joué le jeu. Exemple: toutes les menuiseries des rez-de-chaussée seront
en chêne, histoire de donner une unité et un caractère aux arcades.
Commerces
Côté commerces, une grande surface alimentaire s’étendra sur près de 600 m . Migros et Coop ont été approchés mais n’ont pas fait le pas, craignant la concurrence
de la France voisine. C’est finalement un Denner qui s’installera. Les discussions
sont en cours avec d’autres commerçants: une épicerie fine italienne, un restaurant, un vétérinaire, une école de boxe, un coiffeur et bien sûr une pharmacie.
«Nous aimerions aussi avoir une bonne boulangerie», dit un employé du promoteur. L’incertitude liée au Covid rend encore difficile la commercialisation de ces
locaux. C’est aussi le cas pour les quelques étages de bureaux qui ont été prévus.
Le quartier dispose également d’une école qui offre une superbe triple salle de
gymnastique, des espaces pour le parascolaire ainsi que des locaux pour les sociétés et pour la musique. Ces espaces sont cloisonnables à volonté, ce qui permet aux
habitants de les occuper pendant les heures d’école.
Ce nouveau quartier de 670 logements n’est qu’une première étape. Les deux suivantes fourniront encore près de 1800 logements d’ici à une dizaine d’années. La
location est gérée par le Comptoir Immobilier.